Rappelez-vous, quand
vous étiez enfant... Quand vous jouiez aux cow-boys et aux
indiens, et que vous étiez capturé(e) par le camp ennemi
pour être "ligoté(e) au poteau de torture",
n'étiez-vous pas traversé(e) par un frisson de plaisir
que vous n'auriez avoué pour rien au monde?
Et maintenant, est-ce qu'il ne vous
arrive pas d'avoir envie de murmurer à l'oreille de votre
amant(e): "J'ai envie que tu m'attaches." A moins que ce ne soit: "Tu
veux bien que je
t'attache?" Vous n'osez pas? Et s'il (elle) n'attendait que ça?
Si vous ne lui posez pas la question, vous ne le saurez peut-être
jamais... Bien sûr, vous avez un peu peur: Et si l'autre se
moquait de vous? Et
s'il (elle) vous prenait pour un(e) fou (folle), voire un(e)
"pervers(e)"?
Rassurez-vous, tout le monde a des
fantasmes, et ce genre de fantasme en fait bien souvent partie... Si
vous vous connaissez bien l'un(e) et l'autre, si vous avez suffisamment
confiance l'un(e)
dans l'autre, ce genre de discussion doit être naturel. Et si
l'autre se "braque", ça ne veut pas forcément dire que
vous n'êtes pas fait l'un(e) pour l'autre. Mais que la
communication au sein de votre
couple peut être encore améliorée...
Ces liens qui nous libèrent
Si vous avez atterri
sur cette page, c'est qu'a priori le sujet vous intéresse. Mais
peut-être vous demandez-vous simplement comment quiconque peut
éprouver du plaisir à être ligoté.
Contrairement à une croyance répandue (surtout parmi ceux
qui ne pratiquent pas le ligotage ?), vouloir être ligoté
n'est pas nécessairement le fait d'êtres soumis,
effacés, ou aimant souffrir. Certains
psychologues assurent même que des invidus dominateurs et sur qui
pèsent toutes sortes de responsabilités n'aiment rien
tant que d'être étroitement ligotés, et de n'avoir
enfin aucune décision à prendre, étant
entièrement soumis au bon vouloir de l'autre. D'autres vont
même jusqu'à y voir une forme de thérapie:
après le bruit et l'agitation du monde, subir une
immobilité et un silence forcés peut être une porte
ouverte
sur une forme de méditation, permettant au ligoté
d'atteindre ce que les anglophones appellent parfois le subspace.
Autre théorie: on se laisser aller plus facilement quand on est
attaché. Telle personne qui
n'ose pas gémir et crier sans retenue quand le plaisir arrive,
ou s'allonger confortablement et se laisser complaisamment
lécher et sucer par son partenaire, pourra le faire plus
facilement une fois ligotée...
Passage à l'acte
Alors, supposons
qu'à votre question, l'autre a répondu (avec un petit
sourire) "Oui, pourquoi pas ?"... Votre coeur fait des bonds dans votre
poitrine. Peut-être même que vos mains
tremblent un peu: ça y est, vous êtes en train de
réaliser un sacré fantasme! La première fois, vous
avez sans doute utilisé ce qui vous tombait sous la main: les
ceintures de vos peignoirs éponges, les vieilles
cravates de Monsieur, un reste de câble électrique
(souple, de préférence)... Et pour les noeuds, vous avez
improvisé...
Par la suite, vous avez certainement
cherché à vous "documenter", et peut-être qu'au
cours de vos surfs sur le Net, vous êtes tombé(e)
-certainement pas par hasard- sur des photos
de Japonaises étroitement ligotées dans un entrelacs de
noeuds nombreux et compliqués... Et vous vous êtes
demandé: Mais comment font-ils pour s'y retrouver? Et puis, tous
ces noms bizarres: shibari, nawashi,
asanawa, sakuranbo...
Vocabulaire
Commençons
donc par un petit glossaire des termes que vous rencontrerez dans vos
recherches. Vous n'avez pas besoin de les connaître par coeur,
mais ils peuvent être utiles comme mots-clés dans
un moteur de recherche comme Google ou AltaVista... Et puis, si vous
déclarez lors d'un dîner entre amis "Nous avons
passé la soirée d'hier à faire du kinbaku,Caro m'a concocté un karada absolument
divin, mais le shinju que je lui ai fait lui a donné des
rougeurs.", vous êtes sûr de votre petit effet. Ceux qui
n'y connaissent rien croiront tout simplement que vous êtes
amateurs de cuisine exotique,
et que votre compagne est allergique au poisson cru. Et les
connaisseurs auront un joli sourire complice...
Sans plus attendre, voici donc
quelques un de ces mots magiques:
Kinbaku = l’art de ligoter "à la Japonaise"
Nawa = corde
Asanawa = corde traditionelle Japonaise, faite de chanvre
Nawashi = un artiste de la corde
Shibari = l’action de ligoter quelqu’un
Karada = le corps – par métonymie, le harnais de
corde qui enveloppe le corps
Shinju = les perles – par métonymie, le bondage des
seins
Sakuranbo = les cerises – par métonymie,le bondage
des fesses, voire le bondage génital
Shibaritai = le fait pour le Maître d’indiquer son
désir de ligoter son Sujet
Shibararetai = le fait pour le Sujet d’indiquer son
désir d’être ligoté(e) par le Maître
Hojo-jutsu = l’art martial qui consiste à
immobiliser un prisonnier avec des liens
Musubime = un noeud
Et dire qu'à
part sayonara, nous ne parlons pas un mot de japonais... Nous
avons trouvé ceux-là en furetant sur le Web!
Pour finir, nous ne vous ferons pas
l'injure de vous apprendre que le terme bondage est le mot
anglais pour "ligotage".
Cordages
Le ligotage japonais
traditionnel n'utilise pas n'importe quelle corde. Les puristes
préfèrent le chanvre ou le jute, mais au
supermarché du coin, vous trouverez plus facilement des cordes
en
nylon ou en polypropylène. Un conseil: voyez grand
d'entrée de jeu. Un rouleau de 10 mètres de corde est
très insuffisant. Prenez au moins 30 ou 40 mètres pour
commencer. Vous verrez: vous utiliserez tout. Et vous
irez acheter un second rouleau. Voire plus si affinités.
Côté diamètre: un gros diamètre (6 à
10 millimètres, soit 1/4 ou 3/8 de pouce pour nos amis anglais)
est préférable. Une corde plus mince s'apparenterait
davantage à de la vulgaire ficelle, et vous ne voudriez pas que
Madame ressemble à un roti, non ? Une corde trop fine aura
tendance à "scier" la peau, et les noeuds seront plus difficiles
à défaire. Et ils
seront moins jolis sur les photos (ne nous dites pas que vous n'allez
pas faire de photos, nous ne vous croirons pas).
Avec votre rouleau de 30
mètres, vous pouvez préparer 2 longueurs de 12
mètres et 2 autres de 3. Vous pouvez vérifier: 2 fois 12
plus 2 fois 3, ça fait bien 30. Petit problème: si vous
laissez vos bouts de corde comme ça, ils vont rapidement
s'effilocher. Astuce: utilisez du ruban adhésif (comme celui,
plastifié, qu'on trouve au rayon électricité) pour
terminer vos cordages. Astuce dans l'astuce :
nous utilisons du noir pour les bouts de 12 mètres et du rouge
pour les bouts de 3 mètres, comme ça nous les
reconnaissons d'un seul coup d'oeil.
Précautions
Le ligotage est un
jeu amusant et agréable (même, et peut-être surtout,
pour celui ou celle qui le "subit") mais, comme n'importe quel autre
jeu, il nécessite quelques précautions
élémentaires pour ne pas devenir un jeu dangereux.
Ayez toujours une grosse paire de ciseaux à
portée de main. Vous pouvez avoir à détacher votre
"cobaye" très rapidement en cas d'urgence, et s'il y a tout
plein de noeuds à défaire, vous êtes mal partis,
voire pas partis du tout. Alors, ayez
cette paire de ciseaux dans la pièce (non, pas dans la
pièce "juste à côté"). Et vérifiez avant
qu'elle est capable de couper votre chère corde.
Ne passez jamais un lien serré devant le
cou. Derrière la nuque, pas de problème. Mais devant:
jamais. Vous êtes prévenus: ne jouez pas au pendu.
Surveillez les extrémités (mains, pieds) de votre
cobaye. Si elles deviennent blanches, puis bleues , c'est que
vous avez trop serré les cordes, et que vous empêchez la
circulation du sang de se faire normalement. C'est dangereux: vous
pouvez créer des lésions irréversibles.
Défaites immédiatement les liens, et frictionnez
les membres concernés pour faire circuler le sang.
De même, si votre cobaye se plaint de picotements
ou d'engourdissement dans les membres, c'est que là
encore vous avez trop serré. Si vous l'avez baillonné(e)
-ce qui peut faire partie du jeu- vous aurez convenu d'un signal sans
équivoque pour qu'il ou elle vous signale ce type de
problème. Vous pouvez lui glisser une bille au creux de la main,
si elle (il) la laisse tomber, cela voudra dire qu'elle (il) a quelque
chose d'important à vous dire (comme: "Mais, j'y pense, tu as
pensé à envoyer la déclaration d'impôts?")
Si personne ne joue aux billes dans la maison, des "hnnnn! hnnnn!
hnnnn!" proférés tant bien que mal à travers le
baillon peuvent aussi faire l'affaire...
Si vous avez des enfants chez vous, pensez à fermer votre
porte à clé . Si la petite dernière fait
irruption dans votre chambre ("Papa, j'ai fait un cauchemar!"), elle
aura sans aucun doute beaucoup de mal à comprendre ce qu'elle
voit si Papa éprouve un immense plaisir à
être ligoté sur le lit les bras en croix et les jambes
écartées tandis que Maman s'assied toute nue sur sa
figure (ce qui peut aussi faire partie du jeu).
Ambiance
Celui (celle) que
l'autre ligote est en général nu(e), bien que ce ne soit
pas une obligation. Mieux vaut donc éviter qu'il ne règne
dans la pièce une température polaire: pensez à
régler le
chauffage à votre convenance, au moins une heure avant. En
prime, pour créer une ambiance exotique, vous pouvez faire
brûler de l'encens.
Question importante: music or not
music? Nous aurions tendance à dire que non. On en reparle
à la rubrique Accessoires .
Eclairages: lumière douce -
mais pas trop quand même, surtout si vous avez l'intention de
faire des photos...
Accessoires
Votre amant(e) de
coeur est prêt(e) à se laisser ligoter. Vous avez les
cordes. Vous avez le local (votre chambre, ou toute autre pièce
de la maison - si votre cave est sèche, bien chauffée, et
pas trop encombrée, vous pouvez même l'aménager en
"donjon"...) Il ne vous manque donc plus rien!
Et pourquoi pas quelques accessoires?
Par exemple:
Une chaise. Surtout si elle se prête bien aux ligotages
avec ses nombreux barreaux... Mais même une chaise toute simple
est riche de possibilités.
Pour Madame, des bas, avec ou sans porte-jarretelles...
Pour Monsieur, un bout de corde plus court, d'un mètre ou
deux, pour ficeler bien gentiment son service trois pièces. Et
n'hésitez pas, Madame, à serrer(pas trop tout de
même): la peau est
très élastique à cet endroit-là! Vous
pouvez aussi essayer le cock-ring, un petit accessoire,
généralement en cuir, qui sert à serrer la base du
pénis pour y ralentir la circulation du sang, permettant
d'augmenter et prolonger l'érection, et de procurer des
sensations inédites et pas désagréables. Les
modèles les plus simples ressemblent à de petits
colliers, les plus compliqués permettent de harnacher les
testicules, ainsi que le pénis sur toute sa longueur...
Parmi les nombreuses raisons de se
laisser ligoter, les sensations procurées sont parmi les plus
importantes. Pour permettre à la "victime" d'apprécier
pleinement ces sensations, il
peut être utile de la priver de certains de ses sens, comme la
vue et l'ouïe. Pour la vue, il est possible d'improviser un
bandeau avec un simple foulard, ou d'utiliser un masque opaque en tissu
souple comme ceux qu'on
distribue dans les avions longs courriers. Pour l'ouïe, on peut
utiliser des boulettes en mousse ou en coton prévues à
cet effet, ou bien utiliser un casque audio (comme celui que vous
branchez sur votre chaîne
HiFi). Comme ce type de casque n'est pas toujours très
étanche aux sons extérieurs, il est possible de "masquer"
ceux-ci en envoyant dans le casque du bruit blanc à faible
volume, ce qui s'obtient
facilement en réglant une radio FM sur fréquence sans
émetteur. On peut aussi utiliser un disque ou une cassette
contenant le bruit du ressac de l'océan. Ainsi isolée du
monde extérieur, la personne ligotée pourra
se consacrer complètement à ses sensations tactiles sans
être distraite.
Et pour augmenter l'impression
d'impuissance de la victime, vous pouvez lui mettre un baillon, par
exemple un "baillon-boule" qui comporte une boule de quelques
centimètres de diamètre
à placer entre les lèvres, et d'une lanière
à attacher derrière la tête.
Figures de base
Les figures de base
du kinbaku sont le karada et le shinju, ils peuvent être
complétés par d'autres éléments de cordages
pour les bras et les jambes.
Karada
Pour le karada, prévoir 10
à 12 mètres de corde. Plier en deux parties
égales, le milieu est placé derrière la nuque, les
deux moitiés tombent de part et d'autre du coup. Faire un
premier
noeud simple (avec les deux bouts de corde en même temps, en
veillant à les maintenir bien parallèles pour que le
noeud soit plus esthétique) à la base du cou. Un
deuxième noeud entre les seins, un troisième à
mi-chemin entre le deuxième noeud et le nombril, et un
quatrième entre le nombril et le pubis.
Passer les deux bouts de cordes entre
les jambes. Pour les hommes, ils passent de part et d'autre du sexe.
Pour les femmes, ils peuvent passer soit à l'extérieur
des grandes lèvres (utile si
l'on prévoit une pénétration), soit entre les
grandes lèvres. Dans ce cas, on peut ajouter un noeud à
hauteur du clitoris pour le stimuler... Pour les hommes comme pour les
femmes, on peut prévoir aussi un noeud à
hauteur de l'anus (à moins qu'on ait prévu une
pénétration).
Faire remonter les deux bouts de corde
entre les fesses, et faire un noeud au dessus des fesses. A ce stade,
il y a deux possibilités.
La première: Ecarter les deux bouts de corde. Les faire
passer chacun d'un côté du corps, au dessus des hanches,
puis vers la zone entre le nombril et le pubis où on les glisse
entre les deux
brins qui séparent les noeuds pour les écarter, formant
ainsi le premier losange caractéristique du karada. Les deux
bouts de corde repartent du côté où ils sont chacun
arrivés, repassant derrière le corps, où
on les croise dans le dos (en évitant de les croiser exactement
sur la colonne vertébrale, mais plutôt un peu à
gauche, ou à droite). Ils repartent vers l'avant pour former le
deuxième losange, et ainsi de suite
jusqu'en haut. On fera en général le noeud final en haut
du dos. S'il reste assez de corde, on peut s'en servir pour entraver
les avant-bras et les poignets derrière le dos.
La seconde: Reproduire dans le dos ce qu'on a fait sur la
poitrine et le ventre, en faisant un noeud tous les 12 à 15
centimètres. Arrivé entre les omoplates, écarter
les deux bouts de corde
et former les losanges alternativement devant et derrière en les
passant chaque fois entre les brins qui séparent les noeuds. Le
noeud final sera donc en bas du dos, et le surplus éventuel de
corde pourra là aussi
servir à entraver les poignets.
Et
puisqu'une image vaut mieux qu'un long discours, voici 2 planches
récupérées sur des sites japonais, qui vous
montreront pas à pas comment procéder :
Astuce et
précaution: quand on tire rapidement de grandes longueurs de
corde entre d'autres brins, on veillera à placer une main entre
la peau de la "victime" et le passage des cordes,
afin d'éviter de lui brûler la peau!
Shinju
Pour le shinju, prévoir aussi
10 à 12 mètres de cordes. Démarrer dans le dos en
gardant environ un mètre de mou, faire plusieurs spires sous les
seins et également au dessus des seins,
jusqu'à ce qu'il reste un peu plus d'un mètre de corde.
Si on a pris les bras dans les spires, passer un bout libre sous chaque
bras pour emprisonner les spires et limiter encore plus la
mobilité, et terminer par un
noeud dans le dos. Si on a laissé les bras libres, on pourra
faire directement un noeud dans le dos. Le shinju peut être
complété (avec un bout d'environ 3 mètres), par un
second cordage qui soutient les spires en
leur milieu et passe derrière le cou.
Et ensuite...
A partir de ces deux
éléments de base, la seule limite aux figures possibles
est dictée par trois facteurs: votre imagination, la
quantité de corde dont vous disposez, et bien entendu les
considérations de sécurité. Notre galerie de ligotage japonais vous donnera sans doute
quelques idées.
Pour finir
Tout ceci peut
sembler un peu compliqué et très théorique... mais
il faut avoir contemplé l'être aimé
étroitement ligoté, tel un diamant serti dans sa monture,
pour comprendre l'aspect
esthétique du ligotage. Et il faut avoir ressenti soi-même
la caresse rugueuse de la corde sur sa peau, et la pression
omniprésente d'un karada sur son propre corps, pour comprendre
le plaisir que l'on peut prendre à
être ligoté.
Amusez-vous bien, et envoyez-nous vos meilleures
photos! Si vous le désirez (et si elles nous plaisent), nous
pourrons les mettre en ligne sur ce site,
avec ou sans votre adresse e-mail.
De saines lectures
(nouveau !)
Le shibari gagne à être
connu... et il commence à l'être (Djian n'en parle-t'il
pas dans son roman "Vers chez les
blancs"
?) On commence à trouver quelques beaux livres sur le sujet.
Pour en savoir plus, n'hésitez pas à visiter notre rubrique "livres"...